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12 octobre 2005

Histoire de vies

Episode 1

Je vais vous conter l'histoire de mon meilleur ami. Nous nous étions lié d'amitié dès le CP et étions resté dans la même classe jusqu'au lycée. Aujourd'hui, il fêtait ses 25 années d'existence.
On s'était perdu de vue après le bac et un beau jour le téléphone a sonné. C'était sa soeur au bout du fil qui m'invitait à venir passer un week-end dans la maison de ses parents pour fêter l'anniversaire de son frère. Ce devait être une sacré surprise .
Me voilà donc devant cette fameuse maison , je suis encore dans ma voiture entrain de chercher ce satané portable qui vient de glisser une fois de plus de ma poche. Et le voilà coincé entre le siège et l'accoudoir. J'ai le bout de mon majeur qui effleure le boîtier.Je pousse, je souffle, je souffre car pour avoir une prise correct, rien d'autre à faire que forcer le passage en me blessant contre les rails de guidage du siège. Bordel, on a l'impression que le constructeur le fait exprès. S'il mettait un centimètre de plus d'espace, tout ce qui tomberait de la poche serait facilement récupérable. Mais non, il résiste et me voilà à m'écorcher la main pour attraper l'indispensable accessoire. Si je ne le récupère pas, le pire pourra m'arriver. Un accident, un mort dans la famille, l'usine qui explose et moi qui suis injoignable. Je fait un dernier effort en avalant un hurlement de douleur lorsque du dos de ma main se coince. Un moment de lucidité me fait penser que si je continu je risque vraiment d'être coincé sans aucune aide dans le parages.
Je la retire du piège en pestant mais impuissant devant cette mécanique qui vient de gagner un round. Je claque la porte et presse sur mon porte-clé pour verrouiller la boite.
J'ai l'impression d'avoir laissé un membre de mon corps dans ma voiture. Le cerveau commence déjà a planifier des scénarios catastrophes qui iront en empirant pour cause de non assistancede ma part.
Je crois que je vais boire plus que de raison, histoired'oublier mes soucis.

J'arrive devant la porte d'entrée en chêne massif. La forme des motifs me font penser à un cercueil. D'ailleur toutes les portes d'entrée en bois me font cet effet. C'est pour cela que j'ai choisi l'aluminum. Intérieurement je remercie ma sagesse dans le choix du matériau lors de l'acquisition de ladite porte. Un bel ouvrage croyez -moi.

J'attends en regardant d'un oeil distrait ma voiture et le trésor quelle garde dans ses entrailles ''moquetteuses''. Salope !

La porte vient de s'ouvrire. Je pivote et découvre la maman d'Olivier. Le prénom me revient d'un coup. Depuis son coup de téléphone je cherchais son prénom. Incroyable. Pas moyen de le retrouver dans les limbes de mon cerveau. Il baignait dans un jus quelconque, mais pas moyen de l'en faire sortir. J'en avait des fourmillements sur la langue. Et là, comme une révélation divine, je me rappelle d'Olivier. Sa mère s'appelle Marguerite. Comme la fleur ! Elle a vieillit même s'il reste une présence furtive de sa beauté passée.
J'avoue que cette femme habitait, dans ma jeunesse, mes fantasmes nocturnes et m'incitait à la débauche solitaire. Quand Olivier après nous être trainé en vélo, m'invitait à venir boire un verre de grenadine, , j'éspérait toujours rencontrer sa mère. Par forte chaleur, elle s'habillait d'un t-shirt légé et échancré avec un short qui mettait en valeur des jambes bronzées et lisses . Et malgré la présence d'un soutien gorge, il m'arrivait de jeter un oeil vers ces rondeurs qui s'affichaient l'espace d'un instant qui durait le temps de remplir mon verre.
Cette fugitive vision me remplissait de plaisir et d'exitation. Quand mon regard quittait cette espace paradisiaque il arrivait que nos regards se croisent. A ce moment un regard emprunt de reproche et de flatterie cachée me donnait des airs de pivoine. Je rougissais jusqu'aux oreilles et une chaleur emprisonnait mon visage. J'empoignais alors mon verre pour le vider d'un coup. Bien sûr, lorsqu'elle remplissait à nouveau le verre j'évitais soigneusement de regarder vers la naissance de ses seins par peur de reproches mais avec un profond regret. Un jour, elle me demanda même de la tutoyer. J'étais le meilleur ami de son fils et elle m'aimait bien, qu'elle me disait. En la tutoyant, j'avais même caressé l'espoir de pouvoir un jour la voir uniquement en soutien- gorge. Sans son fameux T-shirt. Cela, bien sûr, comme tous nos fantasme d'adolescent, n'arriva jamais.

Episode 2

- Bonjour Albert, comment vas-tu ? C'est très gentille d'être venu.

- Bonjour madame.., enfin je voulais dire Marguerite. Moi ça va. Je suis un peu en retard, je m'en excuse.

- Pas grave, répond t-elle avec un timide sourire.

Je devine des soucis dans sa façon de regarder le monde. Elle s'approche amicalement de moi pour me faire la bise. Malgré son âge, je sens une poitrine pleine se presser contre mon torse.
Me voilà à penser ''seins'' devant une femme qui pourrait être ma mère. J'y crois pas. Faut vraiment que je pense à autre chose.

- Viens rentre, va au salon, j'en ai pour une minute. Olivier n'en croira pas ses yeux. C'est Catherine qui a eu l'idée de t'inviter pour lui faire la surprise. Ah quelle surprise.
Et la voilà qui retourne dans une pièce à gauche du couloir. La cuisine si mes souvenirs ne me trahissent pas.
Je passe donc tout droit pour me retrouve dans l'entrée du salon. Le monde qui s'y trouve rempli presque tout l'espace. Tous ces gens qui rient en buvant un verre devant une tablé de toast en tous genres, me fait penser à ces émissions qui vantent la richesse des personnes en nous faisant saliver devant notre télé, un verre de bière tiède dans la main à réfléchir au meilleur moyen de finir en beauté la fin du mois qui s'annonce à peine dans une vingtaine de jours.

Devant moi, une blonde qui bavarde avec passion avec une autre blonde. Dailleur en regardant de plus près, il n'y a presque que des blondes. L'impression que l'argent décolore le cheveux.
J'avoue qu'elle est superbe. Elle porte une de ces mini-jupes à froufrou qui donne aux jambes un gout de pâtisserie.
Les seins, toujours eux, me semblent parfaits. Je pensais jusqu'à aujourd'hui que seul un peintre pouvait dessiner un galbe aussi parfait.

J'envie tout d'un coup Olivier. Tout ce monde semble sortir d'un magazine de mode. La perfection se lit sur tous les corps et tous les visages. Le vocabulaire est riche, les accents sont fins, même les rides n'ont pas de place dans cet univers. Les fesses qui tombent ont été rangées au vestiaire.

Je souris à la blonde qui, chose incroyable, me regarde sans me voir. elle regarde à travers moi. Je suis persuadé qu'elle vois ce qui se passe derrière mon corps. Je traverse le salon pour me diriger vers la terrasse et personne ne me vois. Incroyable. J'ai l'impression de ne pas exister. Un courant d'air. Pire, un inexistant. Ils me prennent tous pour un serveur, un gars qui promène leur chien.
J'aurais du mettre un polo collé d'un crocodile. l'étiquette Kiabi qui se trouve à l'intérieur de mon veston me gêne. Plus moyen de le déposer à un crochet. Ma réputation ne le supporterait pas.

Episode 3

Me voilà sur la terrasse. Tout a changé. Le superbe potager à été remplacé par une immense piscine.
Les hommes et les femmes en maillot de bain ont pris la place des arbres fruitiers. Dire que j'étais déçu, serait un grand mot. Je voyais la richesse s'étaler devant moi et le seul sentiment qui m'habitait était la jalousie.
J'enviais ces personnes. D'un coup je le vis sortir de la piscine, il n'avait pas changé le bougre. Je voulais qu'il me voit, qu'il marche vers moi et dans un grand cri de joie vienne me serrer la main en proclamant haut et fort que j'étais et restais son plus grand amis.
Dès cet instant, toutes ces jeunes princesses retrouveraient leur vue et s'intéresseraient à moi. Futile mais oh combien agréable.
Il raconterait des anecdotes sur notre jeunesse, ferait rire l'assemblé pour mieux me valoriser. Je serait le clou de la journée. L'homme avec qui on devait parler, échanger des idées sur la politique, l'argent, la hausse du pétrole, les problèmes du monde !

Je le fixais donc en espérant qu'il regarderait de mon coté. Le voilà à bavarder avec un homme d'une quarantaine d'années. Sûrement un homme d'affaire. Mon cœur doucement s'accélère en le voyant prendre la direction de la terrasse. Il passera devant moi, pas d'autre moyen pour rentrer dans la maison. Enfin, il me voit. Un léger sourire se dessine et là, il se dirige franchement dans ma direction.

Il monte les marches en regardant distraitement ces pieds, histoire de ne pas trébucher, et vient me serrer la main.

- Salut Albert. Comment va ?
- bien...
- Cela me fait plaisir de te voir. T'as pas changé, super.
- Merci...

Et le voilà qui vois un politique de la région. Sénateur peut-être, j'en sais rien. Il repars dans sa direction. Il vient déjà de m'oublier.

Je regarde autour de moi en esperant reconnaitre quelqu'un. Je me sens vraiment seul. Un regard me croise, mais rien d'important. Je retourne à l'intérieur de la maison. Tous ces corps en maillot me rappelle ma vrai place.
Je prends un verre de champagne et m'adosse au bar. Je regarde autour de moi. Seul, vraiment seul. Sale journée.

Je pose mon verre et sort de la maison. Peut être que quelqu'un va m'appeler. Je rentre dans la voiture et quitte la place. Personne n'aura remarqué mon départ.

Episode 4

La musique donne cette sensation d'être plus libre. Le fait d'être seul en ce moment me procure un certain plaisir. J'ai quitté la fête avec un profond sentiment de solitude, mais là, sur cette route les choses se replacent dans leur contexte. Je suis en bonne santé, j'ai une copine qui m'adore, j'ai une famille, des amis et tout ça sans être plein de frics.
La sonnerie du téléphone vient de se faire entendre. Mince.
Je tiens le volant d'une main et fouille sur le côté de mon siège pour essayer de l'attraper. Bordel !
Je pousse ma main toujours plus loin. Les jointures me rappelle leur passage difficile de tout à l'heure. La sonnerie continue à m'envoyer la dernière mélodie à la mode.
Je pousse de toute mes forces sans quitter la route des yeux. J'ai des larmes de douleur qui me picottent le nez. Et tout d'un coup je le tiens, je sens sa froide matière plastique entre mes doigts. Doucement, je le remonte à la surface. La sonnerie s'impatiente. Un dernier effort, j'y suis presque. Il m'échappe, je regarde dans sa direction pour le rattraper je le vois, je le reprends au vol, je ne vois pas l'arbre majestueux qui délimite la route dans ce virage, je relève la tête fier de mon habileté et regarde à nouveau l'horizon. L'arbre est si près de ma voiture que je peux voir les blessures de son tronc. Quand la voiture heurte le végétal, je sens une pression sur mes jambes. Pas de douleur, qu'une impression d'espace de plus en plus réduit, l'habitacle se resserre je n'ai plus de place, mais rien n'y fait, il se réduit. Une peur panique, énorme comme le monde m'engloutie, je hurle dans le vide avant de cesser d'exister.

Episode 5

- Maman, où t'as mis mon maillot de bain ?
- regard dans l'armoire de la salle de bain.
- Ok, merci.
- Olivier, vient manger un quelque chose, tu n'as encore rien avalé depuis que tu t'es levé.
- Pas faim et dans une heure les premiers invités vont arriver.

Aujourd'hui j'ai 25 ans et en plus, c'est samedi. Ma mère a organisé un fête en mon honneur. Ma soeur est entrain de donner les dernières directives au personnel.
C'est l'été et le soleil est au rendez-vous. On pourra se baigner après le dessert.
C'était quand même une bonne idée d'avoir mis une piscine à la place du potager. Après le départ de papa, le jardinage était devenu une corvée pour maman.

En rejoignant ma soeur, je jette un oeil dans la cuisine. Je vois ma mère suivre le cuisinier dans l'élaboration des plats. Je suis sûr qu'elle essaye de percer certains secrets culinaires de ce grand chef. C'était un vieil ami de papa. et depuis quelques temps, j'avoue rencontrer ce chef de plus en plus souvent à la maison.

On sonne à la porte. Chouette les premiers invités arrivent. La journée va être super.

Ma soeur revient du parc.
- Au fait, Olivier, j'ai rencontré Albert la semaine dernière et je l'ai invité à ton anniversaire. J'espère que tu n'y vois pas d'inconvénient.
- quel Albert ?
- Albert Stern.

- Ah oui Stern.
J'ouvre la porte et les voilà tous les bras chargés de cadeaux. Je m'efface pour leur laisser le passage. Leurs rires font apparaitre maman qui a délaissé un instant le chef.
Je leur dis de tout déposer dans le salon et de se diriger vers la piscine. On va boire un coup avant le déjeuner, histoire de se mettre en forrme.

Je suis porté par cette journée comme une feuille est portée par un souffle. Je me laisse guider au grés des courants.
Dans la piscine, une femme vient vers moi. Elle me sourit. Je la connait de vue. Plus moyen de me rapperler son prénom. Elle se serre contre mon corps. je sens une main venir éffleurer mon maillot. Tout le monde rit, danse, mange, bois et personne ne remarque son petit manège. Elle passe sa main dans mon maillot. je sens mon érection qui prend la mesure du spectacle. Elle me souris avec un éclat lubrique dans les yeux. Je lui chuchotte dans l'oreille qu'elle viennent me rejoindre à l'étage. On pourra continuer notre discussion en toute discrétion. Elle retire sa main et me pince les fesses avant de se diriger hors de la piscine.

J'attends quelques instant avant de sortir de l'eau histoire de réduire mon envie. Je sort à mon tour de la piscine et me dirige vers la maison. Je remarque un homme qui me fixe. Albert! Il n'a pas changé. Grand, beau gosse. Mais toujours des vêtements griffés ''Grande surface''.

Je vais le saluer, histoire de ne pas être goujat. Je vois un sourire se dessiner sur son visage quand je me dirige résolument vers lui.

- Salut Albert. Comment va ?
- bien...
- Cela me fait plaisir de te voir. T'as pas changé, super.
- Merci...
Je vois la belle qui monte les escaliers. Faut que je la suive avant qu'elle ne change d'avis. On ne sait jamais.
Tiens, Monsieur le Sénateur est venu saluer la famille.
- excuse moi,
Je vais serrer rapidement la main du politique et le remercie d'être venu à ma petite fête. Je lui demande s'il a déjà vu maman.
- Non ? Un instant je vais l'informer de votre présence.
- Mais non, ne la dérangez pas.
Tu parles, ça l'embêterait qu'il soit venu sans être vu. Je vais rapidement informer maman de sa présence et me voilà déjà à monter les marches d'un pas alerte.
Comme promis, la belle se trouve debout dans le couloir. Je lui prends la main et me dirige vers ma chambre à coucher. Je sens à nouveau sa main qui me caresse. Une chaude celle là !

Episode 6

Ramasser les détritus des autres n'a jamais été le but suprême de ma vie. Mais que voulez-vous y faire. Il faut bien vivre. Avec l'ouverture de l'Europe, j'ai découvert le rêve occidental. La lumière se trouve à l'Ouest disait-on et moi j'étais de l'Est. Polonais. Aujourd'hui mes parents me manquent. Même s'ils ne m'ont pas retenu lorsque j'avais décidé de partir. Il leurs restait mon frère,David, musicien dans l'orchestre philharmonique de Poznan. Moi je n'étais qu'un ouvrier en Pologne. Avant mon rêve d'Occident, le week-end, David venait rejoindre sa famille. Nous étions tous ensemble, le sourire aux lèvres à nous commémorer un passé pas si lointain. On demandait à David les dernière nouvelles de la ville, la mode, les parfums, les musiques,...
Dans ces moment là, je me sentais devenir, malgré moi, une sorte de meuble. Tous, doucement, sur la pointe des pieds, se plaçaient autour de David. A les entendre, toute la beauté de la terre était l'oeuvre du virtuose David. Moi, je restais planté à coté de la pendule a compter les hoquets des secondes. On me regardait à la dérobé pour vérifier si je n'avais pas disparu totalement. Une sorte de déception alors, passait dans ces yeux mouillés par la brillance du dieu musicien. Elle ne durait qu'une fraction de seconde avant de se noyer dans un sourire plein de miséricorde. Dans ces moments là, quand je prenait conscience de ma place, j'étais perdu devant une vie qui ne me montrait aucun chemin. L'espoir que j'attendais n'était pas de ce monde. Un vide plein d'échos descendait dans mes entrailles. J'ai vu un matin, les yeux encore clos par un réveil douloureux, une noirceur pleine de désespoir qui m'enserrait le coeur. Le vide qui m'habitait à ce moment là me donnait la dimension atomique de mon existence.

Aujourd'hui c'est dimanche. Je me leve, il est 5 heures du matin. Même le sommeille est devenu un lieu ou l'ordre devient le règne. A force d'habitude, on réussi à apprivoiser l'instant ou le conscient reprend en main les instants d'oubli. Je descends à la cusine pour manger un morceau de pain et de la confiture.

Assis là, tout seul, à écouter le silence de la maison, je recherche le sens de tout ma vie. Je ne sais pas où chercher. Je ne vois pas d'horizon, pas de chemin. Rien que les meubles qui m'entourent et ces tartines qui attendent leur hôte. Un signe, juste un signe pourrait-on dire. Mais rien ne vient. Peut-être ne suis-je rien de plus que cela. Une chose qui mange, qui travaille et qui jalouse son frère. Et qui, à la fin, quand personne de se souviendra plus, ne sera plus rien.

Je suis en fin de compte qu'un arbre qui à la faculté de se déplacer. Et cette mouvence est la source de mes errements. Pessimiste, mais que demander de plus pour un dimanche matin !

A suivre.
Vous pouvez lire des chapitres d'avance sur : http://jackynib.free.fr (rubrique blog)

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